La mort dans la nuit (Réservé à Moera Kitten)

C'était dans ce quartier malfamé que Moera avait une partie de sa famille. En visite pour les vacances chez une tante américaine, s'isoler de l'institut lui faisant le plus grand bien quand à son besoin de se retrouver avec elle même, elle s'était sauvée par la fenêtre, ayant attendue que sa vieille tante ronfle la bouche ouverte pour se faufiler. La ville aux milles néons brillait dans le noir sans lune du ciel. Des taxis filaient à toute vitesse. Il était sans aucun doute dangereux, voire suicidaire pour une si jeune fille de se promener de nuit dans les rues d'un quartier tel que Manhattan, seule et sans arme. Mais la vue d'un chat errant avait attirée son regard et elle marchait à ses cotés en lui souriant doucement, les lampadaires de la rue jouant avec les reflets de ses cheveux cuivrés, et dans ses immenses yeux bleus, les chats s'amassant à sa suite et la suivant dans la nuit, reine féline à l'air assuré et calme, sa robe d'été aux fines bretelles voletant autour de ses jambes alors qu'elle avançait sans but.

Elle souriait sans cesse aux animaux qui s'amassaient autour d'elle, elle inclinait la tête pour les saluer, ces êtres aux yeux brillants qu'elle aimait avec grande tendresse, d'autres animaux les rejoignants, rats, souris sans qu'aucun chat ne leur fasse le moindre mal, et des oiseaux nocturnes qui descendaient du ciel, l'un d'entre eux se posant sur son épaule. Elle semblait éthérée dans la noirceur et la crasse de cette rue, son visage calme et serein, sans craindre aucun mal, à la fois fragile et étonnamment forte. Elle ne cessait de marcher, fuyait les avenues et ne sursautait de rien.

[désolée, après le boulot je me suis lancée dans une belle démission qui m'a bouffé touuut mon temps]

Au détour d'une ruelle, elle rencontra un petit tas de cageot qui lui sembla fort confortable et s'installa assise dessus en souriant à ses compagnons. Il était peu commun d'être entouré d'une foule de félins de toute race et de toute couleur et de s'y sentir comme chez soi. Mais Moera n'était pas une jeune fille ordinaire et elle ne désirait pas l'être. Elle n'avait pas vu Angelus qui la suivait et de toutes façons ne s'en souciait pas. La mort n'était pas sa préoccupation. Elle préférait rêver, le nez tourné vers les étoiles et se parler à elle même, chatonner aussi de sa voix claire sans trop savoir pour qui, juste pour le plaisir de regarder les chats dodeliner de la tête et la fixer de leurs immenses yeux jaunes, verts et bleus. Un chaton plus impertinent que les autres vint se lover sur ses genoux. Elle ne le repoussa pas. Il ronronnait tranquillement dans ses bras sans sembler perturbé le moins du monde de ne pas la connaître.
Elle avait décidé que les ruelles accueilleraient son errance jusqu'au petit matin et leva les yeux vers les batiments alentours où quelques lumières persistaient. Elle se mettait à imaginer leurs vies. Celui-ci, peut être tromperait sa femme, celle là aurait été renvoyée de son travail et elle les envia une minute de n'avoir pour considération que leurs petits soucis personnels. Son regard se voila alors qu'elle repensait à sa famille, et elle se mit à caliner le chaton plus fort comme pour chasser sa peine.