Un lieu si apprécié... [Ouvert à tous]

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Dans une grande ville comme New York, les gens pressés avaient l’habitude de venir prendre un déjeuner sur le pouce à Central Park. Ce parc donnait l’impression d’être à la campagne, un coin de verdure au milieu de ce monde de technologie et de capitalistes dont la majorité ne vivaient que pour un seul but : amasser du fric pour survivre.

Pourtant, dans un autre quartier de New York, il existait un autre lieu où l’on pouvait trouver la quiétude tant recherchée. On oubliait le monde professionnel pour réellement se détendre tant ce lieu était empli d’harmonie et de douceur. C’était un parc, situé dans le quartier de Chinatown. Le Chung-Hee Park qui était tant prisé par les habitants du quartier. La grande majorité de promeneurs était des gens d’origines asiatiques. C’était une toute autre culture qui régnait dans ce parc, loin de la loi si cruelle du monde professionnel.

S’il se rendait souvent à Central Park pour de longs joggings solitaires, c’est à Chung-Hee Park que Finn choisissait d’élire domicile lorsqu’il était à la recherche de calme. Le parc n’était qu’à quelques mètres de Siheyuan, de l’appartement où il vivait depuis trois ans, depuis qu’il avait quitté La Nouvelle Orléans pour entrer dans une fac de New York. En ce début de soirée, bien qu’il fasse encore jour, le parc commençait lentement à se vider.

Les journées étaient plutôt longues à cette période de l’année, il allait encore faire jour pour quelques heures. Cela laissait suffisamment de temps à Finn pour venir profiter de la quiétude du parc tout en lisant un roman de Catherine Ryan Hyde qu’il affectionnait tout particulièrement depuis de nombreuses années et qu’il ne se lassait jamais de relire. Ce roman était une belle utopie, un doux rêve que l’on pouvait caresser du bout des doigts mais qui ne se mettrait jamais en place dans ce monde d’individualistes.

Le jeune homme décida de s’installer sur l’herbe. Il étala sa veste en jean sur la pelouse, s’allongeant ensuite dessus sur le ventre. Il posa son livre sur le sol, juste sous son regard, réduisant ainsi son champ de vision. Finn se repliait ainsi dans son monde, celui qu’il avait choisi. Il préférait lire un livre tranquillement dans son coin plutôt que d’aller engager une conversation avec une jeune femme qui était assise sur un banc à quelques mètres de là.

A le voir ainsi, vêtu d’un tee-shirt blanc lui collant légèrement au corps et d’un jean bleu, complètement immergé dans la lecture de son bouquin, il donnait en première impression d’être un jeune homme studieux, dévorant les pages qui défilaient sous ses yeux. Il ne donnait pas l'impression d'être un mutant, se fondant parfaitement dans la masse d'humains. Mais qu’en était-il réellement lorsqu’on passait outre la première impression que l’on avait de Finn ?

Scarlett s'était aventuré Chinatown. Elle n'y avait jamais mis les pieds, ne connaissant que de nom et de réputaton. Comme tout le monde en fait. Elle avait longtemps marché, ses baskets noires aux pieds, à humer les différentes senteurs que dégagaient les marchands et autres restaurants, regarder les cotnrefaçons sublimement imitées, admirer certaines asiatiques en habits traditionnels ... C'était un autre univers pour elle qu'elle adorait déjà.

A marcher, elle atterit devant un parc, le Chung-Hee Park. Elle y entra. C'était si paisible qu'elle eut l'impression d'entrer dans une dimension autre, où le silence remplacait les bruits incessants des cris et klaxons, et où la plenitude s'installait en soi. Cela pourrait il déloger la solitude de la jeune fille ? Elle n'en savait rien mais pouvant toujours tenter.

Après quelques minutes, elle s'installa sur l'herbe. Un jeune homme y était aussi, plongé dans sa lecture. Elle replia ses genoux habillés d'un jean délavé contre sa poitrine en debardeur blanc et regarda devant elle. Elle s'était mise à l'ombre, le soleil la réchauffait et c'était mauvais pour sa santé ... Elle maudissait cette chaleur qui nuisait à son pouvoir et à sa bonne humeur.

Elle soupira profondemment et fixait l'horizon de ses yeux bleus/gris tristes ....

Le jeune homme dévorait les lignes de son livre qui défilaient sous ses yeux. Il ne finirait sans doute pas sa lecture avant la nuit mais peu importait, il le connaissait par cœur ce roman. Même si à chaque fois qu’il le lisait de nouveau, il avait l’impression de découvrir des choses qu’il n’avait pas encore remarquées jusque là. Il ressentait exactement la même chose lorsqu’il était dans ce parc.

Depuis trois ans qu’il y venait, le jeune homme le voyait toujours sous un autre angle. En après-midi , les enfants venaient y jouer sous la surveillance de leurs parents. Le matin, il n’était pas rare de voir des personnes âgées d’origine asiatique venir s’installer sur des bancs pour discuter ou simplement profiter du lieu qui leur rappelait peut-être des endroits qu’ils avaient laissés dans leur pays d’origine.
Le soir, le parc se vidait et c’était de nouveau une autre facette que l’on pouvait découvrir. Des petits groupes de jeunes en prenaient possession, perturbant son harmonie. De temps à autres, il y avait des esclandres. Et Finn les évitait du mieux qu’il pouvait depuis bientôt trois ans.

Un profond soupir fit lever les yeux émeraude du jeune homme de sa lecture. A quelques mètres, une jeune femme se tenait à quelques mètres de lui, assise dans l’herbe. Elle avait replié ses genoux contre sa poitrine et regardait droit devant elle. La joie ne semblait pas l’animer, c’était plutôt la tristesse qui brillait dans son regard, une tristesse que Finn connaissait et qu’il avait appris à cacher depuis plusieurs années pour ne pas la montrer.

Lentement, le jeune homme referma son livre qu’il garda dans sa main. Il fixa la jeune femme quelques secondes, semblant hésiter entre l’aborder et la laisser tranquille. La seconde option était celle qui primait le plus sur les deux. Il se basait sur son propre comportement et ses propres envies pour prendre ses décisions. Mais après tout, il pouvait faire un effort, ça ne lui coûterait rien d’entamer une conversation avec une New-Yorkaise, du moment c’était ce qu’il pensait, qu’elle était de la grosse pomme.

« Quelque chose ne va pas ? »

Il ne savait pas trop comment aborder la conversation. S’il se levait et aller rejoindre la jeune femme, cette dernière allait croire qu’il voulait la draguer, entrant dans la catégorie de nombreux gars qui sautaient sur leur proie lorsqu’ils en avaient trouvé une. Alors, Finn décida d’aborder la conversation en posant une question, tout en restant là où il était. Un autre angle pour faire preuve de politesse…

Marilyn se rendit à Chinatown dans l’espoir de croiser du monde. Elle fut servie, des masses d’hommes en sueurs dévalaient les rues sans même faire attention aux autres. C’était une bien chose qui irritait la jeune anglaise. Elle marchait donc d’un pas assuré, prenant ses grands airs de femme modèle, alors qu’en fait elle ne l’était pas. Elle dégagea cette sensation de sérénité malgré ses sourcils légèrement froncés. Et l’on pouvait se rendre compte qu’en fait elle était loin d’être gentille, à la voir bousculer les passants qui se frottaient à elle. C’est alors qu’elle tomba sur le fameux parc. Un magnifique parc verdoyant où seuls les oiseaux pouvaient se permettre de faire du bruit.

Elle y entra donc, et quand elle y mit les pieds, elle soupira de plaisir. Finir les insectes d’humains sans importance. Elle était de mauvaise aujourd’hui et un rien la mettait sur la défensive. Mais son sourire narquois habituel réapparut quand elle vit non loin d’elle deux jeune gens. Une jeune fille dont le regard semblait éperdument triste et un autre garçon qui se voulait hésitant.

Elle avança donc vers eux, bombant le torse. Une proie facile. Une jeune fille pleine de désespoir et un jeune homme timide à souhait. C’est qu’elle avait de la chance aujourd’hui ! Une fois près du garçon, elle se baissa pour se mettre à son niveau alors qu’il s’adressait à la jeune fille.

Marilyn prit alors un visage plus décontracté, puis de sa voix douce et calme, demanda :

« Excuses moi… T’aurais pas l’heure s’il te plaît ? »

Si le garçon prenait la peine de regarder ses bras, il pouvait voir sur le poignet de Marilyn une montre en argent, dont l’aiguille des secondes battait le rythme. Donner l’impression à la victime que l’on s’intéressait à elle n’était elle pas la meilleure manière d’amadouer sa proie ?

Scarlett tourna la tête doucement quand elle entendit la question du jeune homme. Elle voulait vérifier que c'est bien à elle qu'il parlait. On ne savait jamais et gaffeuse comme la jeune fille était, tout était possible. La mutante croisa alors le beau regard vert du jeune homme. Ses yeux bleus-gris étaient triste, tout le monde aurait pu le voir. Malgré tout, Scarlett tenta un petit sourire triste.

La jeune fille n'était pas du genre à se confier au premier venu, elle avait assez de pudeur pour un régiment même. Mais parler faisait toujours du bien. Par où commencer ? Sûrement pas par ses pouvoirs, même si cela la pesait beaucoup. Sûrement par la solitude et le décalage entre sa nouvelle vie et l'ancienne.

C'est gentil de vous inquieter ... Vous avez visé juste. Je suis un peu déphasée et déboussolée. Sans parler de la solitude ...

Elle baissa les yeux quelques secondes et poussa un petit soupir. Puis elle se leva pour se placer un peu plus près du jeune homme pour parler un peu. Une petite compagnie n'était jamais déplaisante même si Scarlett pouvait être timide à un point maladif. Elle allait tenter d'y faire abstraction autant qu'elle le pouvait, c'est à dire pas beaucoup.

Elle s'assit en tailleur pour reprendre un peu la conversation avec le jeune inconnu mais si gentil au premier abord.

J'espère que je ne vous gêne pas dans votre lecture ! Au fait je m'appelle Scarlett, Scarlett Evans.

Toujours le même petit sourire aux lèvres mais le coeur n'y était pas totalement. C'était toujours ainsi. Elle voulait tendre sa main mais s'y résigna intérieurement. Quand ses émotions étaient si noires, ses mains étaient encore plus froides que d'habitude et elle ne savait pas le contrôler ... Pas encore du moins.

Elle aurait voulu reprendre la conversation quand une jeune femme magnifique s'approcha d'eux pour demander l'heure. Scarlett n'avait jamais de montre, elle ne pouvait la renseigner. De toutes façons, l'inconnue ne s'adressait pas à elle mais à son compagnon de conversation. Elle posa ses mains dans l'herbe derirère elle, silencieuse. Et sous ses paumes, quelques cristaux de glace vinrent se placer sur les brins d'herbe...

A la suite du soupir de la jeune femme qui se tenait non loin de lui, Finn décida d’engager la conversation. Il posa une question banale, lui demandant si quelque chose n’allait pas. Elle le remercia de s’inquiéter avant de dire ce qu’elle ressentait pour le moment.
De l’inquiétude, ce n’était pas vraiment le mot qu’aurait employé le jeune homme pour qualifier sa question. Il aurait plutôt dit intérêt désintéressé même si ces deux mots pouvaient sembler bizarres mis ensemble. Ce qu’elle ressentait, Finn le comprenait car il était bien souvent passé par ces sensations. Encore aujourd’hui, il traversait des phases durant lesquelles il se sentait perdu même si la solitude venait de son propre choix.

Finn laissait errer ses prunelles émeraude sur la jeune femme. Son regard était indéfinissable. Lorsqu’elle se releva pour se rapprocher de lui, le jeune homme se redressa pour s’asseoir. Il posa son livre sur sa veste, à ses côtés alors qu’elle se présentait. Il eut un petit sourire avant d’en faire de même.

« Finn, Finley Callahan. Ne vous inquiétez pas pour ma lecture, je le connais par coeur ce roman. C’est joli Scarlett comme prénom. »

Peu courant mais joli. Il répondait courtoisement sans aucune ironie dans l’intonation de sa voix. Scarlett n’allait pas très bien et le jeune homme n’était pas du genre à en rajouter. Comme il n’était pas du genre à s’immiscer dans ce qui ne le regardait pas.
Il n’allait donc pas lui demander en détail pourquoi elle se sentait déphasée. De toute façon, même s’il l’avait voulu, il ne l’aurait pas pu. Une jeune femme qu’il n’avait pas entendu arriver venait d’entrer dans son champ de vision. Une jolie demoiselle en fait. Leurs regards se croisèrent alors qu’elle prenait la parole sur un ton calme et doux.

Lorsqu’il décrocha son regard émeraude de celui de la jeune femme, Finn vit la montre qui brillait à son poignet. Il fronça les sourcils, se demandant pourquoi elle lui demandait l’heure alors qu’elle l’avait à quelques centimètres, sous son nez. Ce n’était tout de même pas une manière de l’aborder pour le draguer ouvertement, surtout qu’il était en discussion avec une autre personne ?

« Lorsqu’on est dans ce parc, la notion du temps est superficielle… Mais si tu y tiens tant… »

Avec douceur, le jeune homme agrippa le poignet de l’inconnue. Il tourna lentement la montre argent qui y était attachée pour lui montrer en silence. Il enleva ensuite sa main, effleurant la main de l’inconnue au passage. Il adressa ensuite un petit clin sourire en coin à Scarlett, attendant patiemment de voir comment l’inconnue allait réagir.

L’anglaise aperçut au loin de jeune gens qui allait entamer la conversation, du moins c’est ce qu’elle comprit quand la jeune femme se redressa et se plaça à côté de lui. Que c’était mignon de les voir ainsi. Marilyn avança alors, bien décidée à aller les embêter un peu dans leur discutions qui semblait tout deux les passionner. De sa marche délicate et soignée et laissa un sourire narquois se dessiner sur ses lèvres quand elle entendit vaguement le sujet de leurs échanges oraux. Il trouvait joli son prénom ? Etait-il en train de la draguer ou simplement était-il aussi poli et hypocrite de nature ?

Mais tant pis, la n’était pas la raison de la venue de la jeune femme auprès deux adultes. Elle n’irait pas lui faire la remarque que si il la voulait dans son lit il fallait être un peu plus direct… La franchise, c’était bien quelque chose qu’elle connaissait, peut-être l’était elle un peu trop… ? Une fois à côté du garçon, elle se baissa à son niveau le fixant de ses grands yeux bleus océan, avant de demander l’heure. Elle le vit froncer les sourcils, et c’est pourquoi elle détourna la tête vers la jeune fille, lui adressant un sourire serein. La réponse du garçon lui fit de nouveau tourner le visage vers lui. Puis d’un air étonné et navré à la fois :

« Oh ! Mince… »

C’est ce qu’elle dit quand elle sentit qu’il prenait son poignet pour lui montrer sa montre en argent. Décidemment… Elle était vraiment trop étourdie. Elle fixa l’heure quelques secondes, ne se relevant pas, elle était à l’heure de Londres, elle pouvait toujours se rattraper puis elle ajouta :

« Ma montre n’est pas à l’heure, je viens d’arriver et j’ai besoin d’avoir l’heure, car le décalage horaire entre l’Angleterre et ici est… assez grand. »

Elle resta pas mal de temps le regard posé sur le jeune homme. Puis voyant que de toute façon elle se ferait rapidement virée de leur passionnante parlotte, elle acquiesça un sourire confus et désolé.

« Je suis navrée de vous déranger dans votre conversation… Mais je me permets de me présenter. Manara Marilyn. »

Elle posa alors ses genoux sur l’herbe, prenant appuie de ses mains sur ses cuisses. Puis fixant maintenant l’interlocutrice du garçon, elle vit alors ses yeux. Bleus–gris… Très mignon, mais sans réelle importance, surtout que Marilyn n’était pas du genre à être admirative devant deux billes. Mais toujours se sourire apaisé sur ses lèvres, elle s’exclama :

« Vos yeux sont magnifiques ! C’est rare d’en voir des comme ça ! »

Scarlett avait senti ses joues rougir au petit compliment de Finley. On lui faisait parfois des compliments et elle en était toujours un peu gênée, même si cela lui faisait plaisir. Surtout quand cela venait d'un jeune homme et que celui çi semblait réellement sincère.

Elle baissa quelques instants, pour réfléchir à quelque chose avec une once d'intelligence. Il fallait qu'elle évite les phrases stupides ou inutiles comme elle en sortait si souvent dans la vie quotidienne. Pourtant les seuls mots qu'elle puisse prononcer furent inutiles, comme prévu.

Merci, ça me touche sincèrement ...

Quand la mutant vit Marylin arriver et draguer ouvertement Finley devant elle, elle trouvait cela déplacé. Non pas que Scarlett eut l'intention de charmer le jeune homme mais elle n'appréciait pas.

Les mains dans l'herbe, qui se cristallisaient sous ses mains, elle écouta la jeune femme s'excuser d'un pathétique insoutenable. Les yeux rivés au ciel un bref instant avant de poser les yeux sur la sublime jeune fille, un sourire moqueur sur les lèvres, elle ne put s'empêcher de parler d'un ton ironique.

Pour être préçise, il y a 5h de décalage entre New York et l'Angleterre. Il suffit juste de savoir compter ...

Dans le grand monde anglais, les coups bas étaient permis, toujours le sourire moqueur sur les lèvres. Aucune insultes, aucun franc-parler, juste des sous entendus grossiers et des tournours adroites. Scarlett détestait ces procédés mais avait appris un peu à les manipuler comme elle le pouvait. Et elle l'utilisait aujourd'hui car la mutante ne sentait pas Marylin.

Elle l'écouta se présenter puis d'une voix monotone elle parla à nouveau.

Scarlett Evans.

Elle ne prit même pas la peine de tendre sa main, cette dernière aurait été trop froide de toutes façons. Et puis elle n'en avait absolument pas envie et n'était pas du genre à se forcer pour de tels protocoles.

Pendant que l'agacement montait en elle, l'herbe sous ses mains était couvert de glace et commençait à s'étendre lentement mais sûrement ...